Notes du carnet d'artiste 15.08.03 (Le Buzz art ©, essai sur l'esthétique virale, Galienni 2005)
Ce soir là, un soir d’été 2003, j’étais assis à la terrasse de La Palette, mon café favori dans le 6ème, lorsque une soudaine envie me vint de dessiner, de formuler une idée de tableau autour du drame qui ébranla la terre entière, le 11 septembre.
Déchiffrage. Il y avait ces deux barres du onze qui faisait II - deux tours verticales parallèles - et la traduction qui faisait Eleven - Phonétiquement Hell Heaven - et qui donna suite par ailleurs à une série de tableaux sur la thématique évangélique Paradis / Enfer, version contemporaine. Bref. me voilà sans stylo et sans feuille, le cerveau en ébullition. Je parviens à emprunter un bic au serveur et je trouve devant moi ce billet de 20 Euros sur lequel je griffonne un dessin, le début de quelque chose. L’unique billet me permettant de payer ce que j’avais déjà consommé, soit quatre Leffe, et que je dois voir partir dans la caisse du bar. A l’addition, le billet s’envole avec l’idée, qui se transmettra d’une main à l’autre, du riche au pauvre, de la banque au petit commerce.
Art viral. Le fantasme né du voyage de ce billet qui se transmet de l’être à l’être, sans que personne ne le conserve pour sa valeur picturale. Une métaphore souhaitée d’un marché parallèle que seul l’artiste peut imposer. Un dessin graffité qui ne vaut rien, sinon le prix de son support : 20 Euros. Au même titre que le tagueur qui compose sur son pan de mur - future ruine de notre civilisation occidentale - j’ai entrepris par la suite de signer d’un dessin les billets de banque que je recevais de mes ventes d’artiste. L’impression à encre, le tamponnage, le dessin automatique...Peu importe, ces billets pourront m’être refusés, d’autres seront encaissés sans être vus. Peut-être même qu’ils sont passés entre vos mains, en douce...
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